Le mets

 

 
 
 
 
 
 
 
 

    Dans Moi je vous dis, Artaud exprime à quel point la fécalité est centrale pour l'homme:

«Faire le tour du propriétaire,
le soi,
et glouglouter à heure dite dans son giron propre,
 le creux caca de son anus personnel. »
 

    M. d’Aucourt, l’un des personnages de Sade, ne connaît le plaisir qu’en dévorant des étrons, et il en arrive à imposer à une femme des régimes de gibier et de blancs de volaille, afin d'obtenir, au bout de huit jours, « une différence essentielle dans les excréments : ils étaient plus moelleux, plus fondants, d'une délicatesse infiniment plus grande ».

Citons un extrait des Cent vingt jours de Sodome:

« Toute la cérémonie consistait à le secouer et à lui présenter les fesses pendant qu'il dévorait, puis à mettre sur le même plat mon étron à la place de celui qu'il venait de gober. [...] Un autre, selon moi plus extraordinaire (c'était un vieux moine), entre, demande huit ou dix étrons des premiers venus, filles ou garçons, ça lui est égal.  Il les mêle, les pétrit, mord au milieu et décharge en en dévorant au moins la moitié pendant que je le suce.  Un troisième, et c'est celui de tous qui sans doute m’a donné le plus de dégoût dans ma vie.  Il m’ordonne d'ouvrir bien ma bouche.  J'étais nue, couchée par terre sur un matelas, et lui à califourchon sur moi ; il me dépose son cas dans le gosier, et le vilain revient le manger dans ma bouche. »

Juliette, l'héroïne de Sade, déclarait, ingénue :

« En général, on se trompe sur les exhalaisons du caput mortum de nos digestions ; elles n'ont rien de malsain, rien que de très agréable.  Il n'est rien à quoi l'on s'accoutume aussi facilement qu'à respirer un étron ; en mange-t-on ?  C'est délicieux. C’est absolument la saveur piquante de l’olive. »
 

    Le sonnet du trou du cul par Rimbaud et Verlaine :

« Obscur et foncé comme un oeillet violet
Il respire, humblement tapi parmis la mousse
Humide encor d'amour qui suit la pente douce
Des fesses blanches jusqu'au bord de son ourlet

Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous l'autan cruel qui les repousse,
A travers de petits caillots de marne rousse,
Pour s'en aller où la pente les appelait.

Ma bouche s'accouple souvent à sa ventouse,
Mon âme du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots

C’est l'olive pâmée et la flûte câline
C’est le tube où descend la céleste praline
Chanaan féminin dans les moiteurs éclos ! »
 

    Dans leur journal (1892), les frères Goncourt rapportent en ces termes les confidences d'Alphonse Daudet :

« Ah!  La femme, la femme, ce qu'elle aura été dans ma vie !  La folie que j'ai eue de la femme et la folie de la femme qu’elle a eue pour moi !  Est-ce compréhensible ce délire dans ma vie !  J'ai rencontré deux femmes qui m'ont demandé de leur chier dans la bouche. L'une je n'ai pu la satisfaire, et l'autre, à laquelle j'ai pu le faire, a vomi. »

    Verlaine dans le recueil Hombre :

« Un peu de merde et de fromage
Ne sont pas pour effaroucher
Mon nez, ma bouche et mon courage
Dans l'amour de gamahucher.

L'odeur m'est assez gaie en somme,
Du trou du cul de mes amants,
Aigre et fraiche comme de pomme
Dans la moiteur de sains ferments.

Et ma langue que rien ne dompte,
Par la douceur des longs poils roux
Raide et folle de bonne honte
Assouvit là ses plus forts goûts,

Puis, pourléchant le périnée
Et les couilles d'un mode lent,
Au long du chibre contournée
S'arrête à la base du gland. »
 


    BAUDELAIRE, Journaux intimes, Mon coeur mis à nu, LXIII

C'est (le Français) un animal de race latine; l'ordure ne lui déplaît pas,
dans son domicile, et en littérature, il est scatophage. Il raffole des
excréments. Les littérateurs d'estaminet appellent cela le sel gaulois.





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